Installation
Galets du Rhône, encre, jute de chanvre
Sur des galets du Rhône de toutes tailles, Adrien Missika a inscrit des Z, de toutes grosseurs eux-aussi. Les pierres polies sont disposées de manière aléatoire sur un tapis où courent les lignes d’une portée d’environ 7 mètres de long. Est-ce un air de musique ? Sans doute. À l’opposé des règles muséales, libre aux visiteurs et visiteuses, quel que soit leur âge, de prendre en main les galets pour les disposer autrement, selon un air connu, ou composé sur le moment, savamment ou de manière aléatoire. Même si l’on est dans une biennale sonore, Adrien Missika a souhaité aussi intégrer le toucher dans son œuvre.
Pourquoi un Z ? Par référence au bourdon, ce précieux pollinisateur qui accompagne son vol d’un bruit sourd et continu. Adrien Missika s’intéresse aux abeilles depuis quelques années déjà. Elles lui doivent notamment un Palazzo del Api (2018), une sculpture qui est une sorte de pyramide aztèque renversée posée dans un domaine agricole de Ligurie, avec pas loin de 2300 trous de différents diamètres pour abriter les insectes, et Ein Horn (2023), une corne de rhinoceros géante, renversée elle-aussi, avec la même fonction d’hôtel à insectes, posé dans le zoo de Berlin . On appelle aussi bourdon la note ou l’accord continu qui soutend certaines musiques, le jeu des vielles ou des cornemuses par exemple, et qui est surtout fondamental dans la musique indienne, en particulier dans les ragas. Des compositeurs contemporains comme La Monte Young s’y sont intéressés.
En 2022, Marble oracle, pebble gamble…, une première version de ce travail, de format plus modeste, a été réalisée avec des galets de la mer Égée et appelait au murmure, au chantonnement, avec des M et des H.
Film super 8 avec son transféré sur Blu-ray, 09’07’’
Dome a été produit par l'Association Attitudes pour l'exposition The Beirut Experience en 2011. Adrien Missika a filmé avec le grain du Super-8 un incroyable bâtiment conçu par l’architecte brésilien Oscar Niemeyer pour la Foire internationale de Tripoli, au nord du Liban. En 1975, la guerre civile a tout arrêté et le dôme est resté avec des gerbes de fers à béton surgissant de ses entrailles. Dans un jeu d’ombres et de réverbérations sonores, Adrien Missika l’investit tel un instrument de musique démesuré, par l’intermédiaire d’un personnage mi-musicien, mi-acrobate.
Né en 1981 à Paris
Vit et travaille à Berlin
Adrien Missika a étudié la photographie et les arts visuels à l’ECAL. Pendant ses études à Lausanne il a cofondé la galerie 1M3 (2006-2014).
Ses œuvres sont imprégnées de différentes couches historiques, épistémologiques, tant dans leurs propos que dans leur fabrique. Adrien Missika peut ainsi employer le super 8, des processus photographiques lents, mêler des objets recyclés à du matériel neuf… Son travail est nourri de recherches et de discussions avec des scientifiques mais se laisse aussi porter par la réalité, le vécu d’un lieu.
Il mêle, souvent avec un léger décalage poétique et humoristique, engagé mais jamais cynique, le naturel et le culturel. Il s’intéresse tant aux abeilles qu’à la construction des paysages, aux questions environnementales qu’à la géographie.