Camille Llobet

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Camille Llobet
Photos : 1- Camille Llobet-© Laurant Thareau | 2- Capture de Majelich, avec la soprano Magali Léger © Camille Llobet, 2018 | 3-5 « Moraine », 2025, vidéo, stills, © Camille Llobet

Moraine, 2025

vidéo 4K, 12'04

Sarah et Laurent, guides de haute montagne, crapahutent sans objectif précis dans les moraines de la Mer de glace, célèbre glacier du massif du MontBlanc.

Nommée ainsi à la fin XIXe par un explorateur britannique pour sa similitude avec « un lac agité d’une forte bise et gelé d’un coup »1, la Mer de Glace est aujourd’hui un creux béant, empreinte de sa masse glaciaire disparue2, laissant place à un amphithéâtre morainique. Du patois savoyard morena signifiant « renflement de terre », les moraines sont des débris rocheux entraînés par le mouvement du glacier. Elles s’amassent en formant des bourrelets hétérogènes faits d’argile, de limon, de sable, de cailloux et de rochers pouvant atteindre la dimension d’une maison, recouvrant petit à petit les séracs (blocs de glace) et les crevasses (fentes profondes provoquées
par la rupture de la glace en mouvement). Avant d’atteindre les parois rocheuses, les guides de haute montagne traversent ces gigantesques chapelets de collines instables, mouvantes et imprévisibles.

Cette recherche filmée tente de saisir la personnalité proprioceptive3 des deux protagonistes et de révéler le milieu à travers leurs gestes. Arpenter des pentes abruptes ou des arêtes étroites, dévaler des terrains instables au quotidien transforment le corps et s’impriment dans les articulations. Là où un marcheur inexpérimenté peine à trouver son chemin sans chuter ou déstabiliser le sol sous le poids de ses pas, Sarah et Laurent dansent avec le vide, la verticalité et l’instabilité du sol, à l’affût de ce qu’indique l’ensemble de leurs sensations. Le regard repère des zones possibles où poser les pieds tandis que les jambes régulent l’appui et la vitesse de chaque pas et que les bras assurent l’équilibre. Il faut chercher une certaine vitesse pour effleurer le sol, laisser glisser un pas surpris par un écroulement, changer de point d’appui si un bloc bascule, être toujours prêt à sauter sur le côté si la surface s’avère plus dangereuse que prévue. L’image, déterminée par ces sensations, tentent de saisir cette chorégraphie. Le son matérialise ce milieu mouvant : écoulements, craquements et écroulements habitent la vallée glaciaire devenue caisse de résonance.

1 William Windham et Pierre Martel, Relations de leurs deux voyages aux glaciers de Chamonix (1741-1742), p. 28-29, Genève, 1879.
2 Depuis 1830, elle a perdu 2,5 km de longueur et plus de 150 m d’épaisseur.
3 Perception qu’a l’homme de son propre corps, par les sensations kinesthésiques (mouvements) et posturales en relation avec la situation du corps par rapport à l’intensité de l’attraction terrestre

AVEC Laurent Bibollet, Sarah Blanc

RÉALISATION, MONTAGE Camille Llobet
IMAGE Antonin Claude
SON Corentin Vigot, Camille Llobet
ASSISTANTES RECHERCHE ARTISTIQUE Naïs Charlery, Lou Lombard
ÉTALONNAGE ET REGARD MONTAGE Ariane Boukerche
MIXAGE SON Corentin Vigot, Kerwin Rolland
GRAPHISME Huz & Bosshard
CONSEIL SCIENTIFIQUE Ludovic Ravanel
PRODUCTION Camille Llobet

AVEC LE SOUTIEN du Centre national des arts plastiques, Biennale Son (CH), Fondation de la Compagnie du Mont Blanc, Kraft Production

LE BRUIT DE LA LANGUE, 2022

Performance, environ 15 minutes
Grand Théâtre de Genève, samedi 1er février 2025 à 20h

Sur invitation de Art Genève Musique, Biennale Son a présenté Le bruit de la langue, une performance de Camille Llobet, dans le cadre de WOLFTONE ASSOCIATES (ou LES ASSOCIÉS DU SON LOUP), une nouvelle série de performances et d’installations musicales au Grand Théâtre de Genève.

Cette performance prolonge une réflexion au long cours sur le sens du son de la langue orale. Quand nous parlons, les mots exprimés ont parfois moins de sens que le son de la voix qui accélère, ralentit, reproduit l'intonation de son interlocuteur, s'interrompt brutalement, appuie sur une syllabe ou s'adoucit.

Casque d'écoute sur les oreilles, face à face, et les yeux fermés, Camille Llobet et Magali Léger écoutent en boucle une suite d'extraits significatifs et extrêmement courts d'une de leurs conversations, préalablement enregistrée. En direct, avec la bouche, elles reproduisent en bruits leurs paroles respectives, à la manière de l'enfant qui expérimente les contours de la langue. Une fascination pour le bruit qui est peut-être liée à l'expérience primitive de l'enfant. Il découvre son environnement en le touchant et reproduit le bruit de ses gestes avec la bouche. Il joue avec les possibles de son appareil phonatoire et de la résonance de sa voix dans l'espace. Petit à petit les bruits de bouches se transforment en suite de syllabes et deviennent langue.

Camille Llobet

Née en 1982 à Bonneville (FR)
Vit et travaille à Sallanches

Artiste plasticienne et réalisatrice, Camille Llobet est diplômée de l’École supérieure d’art Annecy Alpes (2007). Elle a participé́ au Salon de Montrouge en 2016 et à de nombreuses expositions collectives comme Les Nouvelles Babylones (Centre d’art contemporain, Parc Saint Léger, Pougues-les-Eaux, 2013), Silences (Musée d’art et d’histoire, Genève, 2019), Oral Text (Fondation Pernod Ricard, Paris, 2022) et L’Art d’apprendre. Une école des créateurs (Centre Pompidou-Metz, 2022). Elle a réalisé́ plusieurs expositions personnelles comme Second (Centre d’art de Vénissieux, 2014), Majelich (Printemps de Septembre, Toulouse, 2018) Idiolecte (Galerie Florence Loewy, Paris, 2019). Ses œuvres font partie des collections publiques françaises dont celle du FRAC Sud, du FRAC-Artothèque Nouvelle-Aquitaine, du FRAC Grand Large - Hauts-de-France, de l’Institut d’art contemporain Villeurbanne/Rhône-Alpes et du Fond d’art contemporain - Paris Collection.

En 2023, Camille Llobet présente une première grande exposition monographique à l’Institut d’art contemporain Villeurbanne/Rhône-Alpes intitulé Fond d’air. Elle finalise aussi un premier essai documentaire moyen métrage, Pacheû̂ (2023), sélectionné́ au FID Marseille en compétition française et compétition premier film. Elle travaille aujourd’hui sur un nouveau projet photographique, vidéo et sonore intitulé Moraine qui sera notamment présenté à la prochaine édition de la Biennale Son en 2025 (Valais, Suisse). Elle écrit et réalise également un nouvel essai documentaire long métrage sur les travailleur·euses et ou- vrier·ès de haute montagne intitulé Monstre pentes produit par la Société des Apaches.

Chaque œuvre commence par une rencontre et un questionnement à expérimenter ensemble. J’imagine d’abord des dispositifs de tournage précis prenant le parti pris de l’expérience filmée et réalise ensuite des montages vidéos et sonores à la fois intuitifs et visant une radicalité formelle. Des dessins, partitions et performances poursuivent souvent les problématiques abordées dans les vidéos.
Après avoir exploré l’oralité, le mouvement et la perception humaine comme des territoires de recherche lors de tournages en studio, j’ai déplacé́ mes protocoles de travail en haute montagne. Cet environnement complexe fait de roche, neige et glace est aujourd’hui en cours de mutation. Une transformation brutale due à l’accélération de la fonte des glaces et des écroulements rocheux qui place un temps géologique au niveau de celui d’une vie humaine. Ce projet Pacheû (2020-2023) a pris la forme d’installations sonores et d’un premier essai moyen métrage où la narration se fait autant par le bruit et le geste que par la voix et l’image. Il ouvre un nouveau champ d’expérimentations et de formats en situant l’humain dans un milieu.

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Magali Léger

Magali Léger, soprano française, a été formée au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris et a débuté une carrière saluée pour ses qualités vocales et scéniques, enrichies par une formation en danse et théâtre. Lauréate du premier prix à l'unanimité et nommée aux Victoires de la Musique en 2003, elle se produit sur des scènes prestigieuses en France et à l'international, explorant un répertoire varié allant du baroque au contemporain.

Elle a collaboré avec des personnalités telles que William Christie, Emmanuelle Haïm, et Laurent Pelly, interprétant des œuvres d’Offenbach, Mozart, Massenet, Bizet, et des créations modernes comme La Métamorphose de Michaël Levinas. Elle est également active en musique baroque avec son ensemble Rosasolis, ayant enregistré plusieurs disques, et participe à des projets éclectiques comme Mars-2037, une comédie musicale.

Exposition
durée d'exposition
30
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08
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2025
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2025
lieux d'exposition

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