Court métrage en panavision, 35 mm, couleur, son Dolby SR transcodé sur DVD, projection vidéo, couleur, son stéréo, 15'
Oeuvre présentée dans le cadre de l'exposition Echos d'une collection - Oeuvres du Frac Franche-Comté
Plages relate la nuit du 31 décembre 2000 à Copacabana au Brésil. Les images sont prises d’en haut, comme le survol d’un oiseau. C’est la fête de la déesse de la mer, Iemanja. Des hommes et des femmes vêtus de blanc viennent de tous les quartiers de Rio de Janeiro pour lui faire leurs offrandes sur de frêles esquifs livrés aux vagues.
La bande son ne livre les bruits de la plage qu’en sourdine. Elle fait entendre des voix – des hommes dans cette foule, ou qui regardent les mêmes images que nous – où il est question de souvenirs, d’une rencontre imaginaire sur le même bord d’océan, un jour à l’aube, et de Roberto Burle Marx, qui, en 1970, a dessiné les ondulations de mosaïques qu’on voit au sol, comme un rappel du mouvement des vagues sur des kilomètres – «le plus grand dessin du monde».
Les voix évoquent aussi une utopie, celle de l’architecte Sérgio Bernardes qui voulait construire d’immenses tours hélicoïdales pour stopper l’étalement de Rio et la destruction des paysages. Et puis un homme, alors que la pluie a succédé au feux d’artifices, déclare que Copacabana n’existe pas.
Plages dessine le portrait d’un lieu dans la ville d’adoption de l’artiste, comme une reconnaissance des signes qui le caractérisent, et de ceux qui l’ont rêvé.
Née en 1965 à Strasbourg
Vit et travaille à Paris et Rio
Dominique Gonzalez-Foerster, souvent appelée DGF, a étudié à Grenoble - aux Beaux-arts et à l’École du Magasin - puis à Paris - à l’Institut des Hautes Études en arts plastiques.
Son travail artistique semble s’affranchir des frontières de l’espace et du temps. Sa grande exposition au Centre Pompidou en 2015-2016 ne s’inscrivait-elle pas entre 1887 (année de naissance de Marcel Duchamp mais aussi de la construction du Palacio de Cristal dans le jardin du Retiro, à Madrid) et 2058 (allusion à l'abri dystopique que DGF a conçu pour le Turbine Hall de la Tate Modern en 2008) ? Elle élargissait ainsi son parcours aux références de ses œuvres. Comme Stendhal et les victimes du syndrôme qui porte son nom entrent dans les tableaux, le public traversait des «chambres» et autres «intérieurs» et «jardins», tels que DGF les a scénarisés dès la fin du XXe siècle. L’artiste défend ainsi un art de la sensation plus qu’un art de l’objet.
Dans ses installations, comme dans les films qu’elle a réalisés jusqu’en 2015 (elle fait partie de l’équipe de la maison de production indépendante Anna Sanders Films), elle traverse et nous fait traverser les époques, historiques ou à venir, et les contrées.
Depuis quelques années, DGF se transforme aussi en figures existantes ou fictionnelles, de Scarlett O’Hara à Edgar Allan Poe, de Marylin Monroe à Bob Dylan, qu’elle appelle des «apparitions». Son art est imprégné de références culturelles mais surtout de littérature, notamment Viriginia Woolf, Ray Bradbury et Roberto Bolaño.
La musique joue aussi un rôle important. L’artiste est revenu au cinéma pour cosigner avec Ange Leccia Christophe… définitivement (2022), un portrait du chanteur décédé en 2020, avec qui ils avaient plusieurs fois collaboré. Dominique Gonzalez-Foerster a par ailleurs plusieurs fois collaboré avec des musiciens (Jay Jay Johanson, Arto Lindsay). Le dernier projet en date, Expodrome, avec le Français Perez, est inspiré par Blade Runner. Il a conduit à un albun (Replicante) et une série de concerts-performances.
Parmi les dernières œuvres de DGF, des panoramas réalisés à la Sécession de Vienne, aux Serpentines Galleries de Londres, sur le toit du Lingotto de Turin (Pinacoteca Agnelli), ou dans sa galerie berlinoise Esther Schipper. Ces vastes collages lui permettent de réunir autour du public une foule de références : personnalités, œuvres, graffitis…