Concert
Interprété par Gavin Bryars, Yuri Bryars, James Woodrow, Roger Heaton
Collaboration avec Valéik : Elise Lehec (altiste), Lina Luzzi (violoncelliste), Donatien Bachmann (bassoniste), Didier Métrailler (percussioniste) et Léa Legros-Pontal (altiste)
La pièce date de l’époque où Gavin Bryars enseignait au Portsmouth College of Art. Au départ ce n’était que quelques indications données sur une feuille A4 pour une interprétation très ouverte, sans partition, dans le cadre d’une exposition de soutien aux étudiants en 1969. En travaillant dans une école d'art, le musicien s’intéressait alors à trouver un équivalent musical aux œuvres d'art conceptuel. Il écrira en 1972 une version interprétative plus développée pour une présentation au Queen Elizabeth Hall de Londres.
En 1975, un enregistrement a lieu pour le premier des dix disques produits pour le label Obscure Records de Brian Eno, où l’on trouve en face B, Jesus’ Blood Never Failed Me Yet . D’autres enregistrements ont eu lieu depuis. Notamment par le Gavin Bryars Ensemble, en live, en 1990 au Printemps de Bourges dans un château d'eau désaffecté de l'époque napoléonienne et en 2012, lors d’une tournée pour le centième anniversaire du naufrage.
La découverte de l'épave du Titanic, en 1985, a conduit Gavin Bryars à repenser sa musique, la pièce étant restée ouverte pour incorporer toute nouvelle information sur les conditions du naufrage.
Le point de départ de l’œuvre est le fait que l’orchestre du paquebot a joué jusqu’à la fin. Le morceau a été identifié d’après un récit de Harold Bride, l'opérateur radio junior qui raconte que le bateau était déjà à la verticale, s’enfonçant dans l’eau :« La dernière fois que j'ai vu le groupe, quand je flottais dans la mer avec ma bouée de sauvetage, il était encore sur le pont en train de jouer Autumn. Je ne peux pas imaginer comment ils ont pu faire ça. » Même si des incertitudes demeurent à propos de l’Autumn dont il est question, c’est d’une composition religieuse de François Barthélémon, assez proche du très connu Amazing Grace, que Gavin Bryars a fait l'élément principal de sa musique.
The Sinking of the Titanic est aussi inspiré par les recherches de Guglielmo Marconi sur la durée de vie des sons, qu’à la fin de sa vie il pensait s’affaiblir au fil du temps sans jamais vraiment disparaître. Rappelons que le Prix Nobel italien a fait ses premiers essais de télégraphie sans fils en 1895, en Valais, à Salvan, où un petit musée lui est consacré. Les appels de détresse de Harold Bride et des autres opérateurs radio du Titanic, réalisés grâce à son invention, ont permis de sauver quelque 700 passagers.
Né en 1943 dans le Yorkshire de l’Est
Vit et travaille entre l’Angleterre et la Colombie britannique
Gavin Bryars a étudié la philosophie et la composition. Après avoir commencé une carrière de contrebassiste de Jazz en Angleterre, il part pour les États-Unis où il fréquente John Cage.
Deux compositions majeures, réunies sur le premier disque du label Obscure Records de Brian Eno en 1975, The Sinking of the Titanic, et Jesus' Blood Never Failed Me Yet, qui présentait la voix en boucle d'un sans-abri chantant un hymne inconnu, font rapidement de lui une figure de la musique minimaliste et expérimentale, courants dans lesquels il ne s’enferme pas. Les deux pièces ont d'ailleurs évolué et se sont développées au fil du temps, interprétées par des artistes de tout le spectre musical, avec bien sûr la célèbre version de 1990 de Jesus' Blood, par Tom Waits.
Gavin Bryars a beaucoup composé, y compris des opéras et du théâtre musical - Medea pour l'Opéra de Lyon, mis en scène par Bob Wilson, The Collected Works of Billy The Kid, d’après Michael Ondaatje, Marilyn Forever avec la librettiste Marilyn Bowering... Parmi ses œuvres mémorables figure aussi la musique de la célèbre pièce de Merce Cunningham, Biped.
En 1970, avec ses étudiants de la Portsmouth School of Art, il est un des initiateurs du Portsmouth Sinfonia, avec l’idée d’expérimenter l'équivalent musical d'une œuvre d'art conceptuel. L’orchestre interprète des classiques (dont Le Beau Danube bleu) mais les musiciens jouent des instruments qui leur sont inconnus, avec pour préoccupation non pas de lire les partitions mais de rendre l’ambiance sonore d’un morceau. Il publie plusieurs disques au fil de la décennie et se produit jusqu’au Royal Albert Hall.
Homme d’une culture sans frontières, il a par ailleurs mené des recherches approfondies sur des figures comme Lord Berners, Érik Satie ou Marcel Duchamp, ce qui lui a valu de rejoindre le Collège de ‘Pataphysique, et même le sommet de sa hiérarchie : le Transcendant Corps des Satrapes.