Marcelline Delbecq

Daleko (Loin), 2008

Impression sur papier encadré (63 x 107 cm, avec cadre : 66,8 x 111 x 4 cm.) , banc en bois, élément sonore sur CD (5'58'').

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Daleko est une œuvre à la croisée des arts visuels et de l’écriture, symptomatique d’un travail artistique qui ne cese d’entremêler les deux domaines. Invité·e à prendre place sur un banc, qui semble aussi un coffre en bois mais qu’on ne peut ouvrir, la spectatrice ou le spectateur est mis en présence d'un paysage photographique, très sombre si ce n’est un cercle plus éclairé, comme si ce bord de rivière était le seul endroit où il faisait jour, ou comme si un projecteur pointait sur lui. Par association, cette trouée claire permet de mieux percevoir le reste de l’image resté dans l’obscurité.

Le récit sonore est dit par l’actrice Elina Löwensohn, avec sa pointe d’accent roumain. Dans ce texte qui semble d’adresser à nous, il est question d’un événement qui peut-être s’être passé dans la partie de l’image mise en valeur. Il y est question de bucheronnage, de peinture, de point de vue…

À nous de devenir actrice ou acteur de l’œuvre en imaginant les parties manquantes de la narration, de créer notre cinéma personnel. Cette manière douce de nous impliquer est fréquente dans les œuvres de Marcelline Delbecq.

L’œuvre a été réalisée pour le Musée Zadkine, aux Arques, en 2008. Son titre russe Daleko signifie «loin» incite notre imaginaire à tisser des liens avec les paysages de Biélorussie où a grandi le sculpteur.

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Marcelline Delbecq

Né en 1977 à Evreux (FR)

Vit et travaille à Paris et New York

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Marcelline Delbecq a étudié la photographie à Chicago et New York. Elle a complété cette formation américaine à l’École supérieure d’art de Caen et à Paris X-Nanterre, en art de l’exposition.

Plus récemment, elle a soutenu une thèse de doctorat «SACRe» à L’École normale supérieure sous la direction d’Antoine de Baecque. Sa recherche portait sur le mouvement dans l’image fixe, à partir d'une photographie de l'employé des services d'immigration d'Ellis Island et photographe amateur Augustus Frederick Sherman. Titrée Untitled Woman, Ellis Island, 1905-1920 dans les collections du Metropolitan Museum of Art de New York, l’image n’avait jamais été montrée. La thèse est complétée par un court film, Mille années de main en main (une odyssée), portrait de la poétesse turque Sevinç Çalhanoğlu, immigrée illégale dans l'Amérique de Donald Trump. Un moyen pour Marcelline Delbecq, à travers l'écriture, l'image et la voix,  de retrouver la trace d'une jeune anonyme dite « Sans titre ».

Très vite dans son parcours, l’écriture, avec sa potentialité cinématographique, a été une conséquence de ses réflexions sur la photographie. Elle est même devenue primordiale à partir de 2015, choisie pour la liberté de créativité qu’elle offre, loin des contraintes des milieux de l’art.

Marcelline Delbecq met en mots, en voix aussi, un univers entre description et fiction. Dans les images, dans l’écriture, et entre les deux quand elle les juxtapose, elle ménage de l’espace et des stimulations pour nos imaginaires, avec toujours une réflexion aiguë sur le point de vue et l’adresse.

Dans ses articles et ses ouvrages, elle aborde autant la critique d’art, l’entretien avec d’autres artistes, que la fiction, avec toujours un lien essentiel à l’image. Parmi les derniers : Beyond Sound, entretien avec Pascale Cassagnau (Daviet-Thery éditeur, 2018) ; Dialogue, entretien avec Ellie Ga (Shelter Press, 2017) ; Oublier, voir (Manuella/Fondation Cartier, 2015) ; Camera (Manucius, 2015), Silence trompeur (Manuella, 2015).

Marcelline Delbecq est aussi traductrice.

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