Lorsqu’on découvre pour la première fois l’intérieur de l’Usine de Chandoline, avec ses dimensions gigantesques, sa longueur, sa hauteur, ses matériaux de pierre et de béton, les reliques des machines et des mécanismes appartenant à une activité révolue, on est facilement frappé par un sentiment de disproportion. L’architecture d’une usine électrique n’est pas faite à l’échelle humaine, le corps se trouve confronté à des rapports qui le dépassent, jusqu’à tendre vers une impression de dématérialisation. Et lorsqu’on perçoit pour la première fois les attributs acoustiques du lieu apparaît alors un autre élément : le moindre claquement de main, la moindre élévation de la voix s’amplifient à travers le jeu des réflexions et se mettent à remplir intégralement l’espace sonore, jusqu’à pouvoir rendre une série de quelques sons totalement assourdissants.
C’est au cœur de ce rapport paradoxal, entre écrasement du corps humain et sentiment de puissance sonore que la pièce Usine Electrique compose avec l’espace acoustique.
12 instrumentistes sont dispersé.es dans la grande halle et ses couloirs. Eloigné.es les un.es des autres, leurs actions sont individuelles, et leurs possibles interactions s’opèrent grâce à des signaux visuels et sonores réalisés à distance. C’est la somme de leurs interventions qui définit un paysage complet qui révèle à l’écoute les dimensions et les recoins de l’architecture. Usine Electrique est un hommage à la source acoustique du son, aux extrêmes dynamiques qui passent d’un simple souffle à peine perceptible à des déflagrations d’instruments métalliques.
A la tombée de la nuit, le rapport à l’espace généré par la perception visuelle se transforme, le son gagne de l’importance face aux informations visuelles portées par la lumière du jour. Les musicien.es ont alors recours à une lumière artificielle pour communiquer et doivent s’envoyer des signaux lumineux à distance pour terminer la pièce.
Distribution
Conception, composition, direction musicale
Alexandre Babel
Assistante à la direction musicale
Jeanne Larrouturou
Conception des lumières
Florian Bach
Réalisation des lumières
Bruno Pocheron
Interprètes
Elèves des classes du Conservatoire Cantonal du Valais, Sion
Violon
Aliénor Crettenand, Stella Mönckeberg, Anna Rossier
Violoncelle
Alissia Ducrey
Basson
Jean Démurger
Trompette
Noé Bezençon
Percussion
Quentin Burnier, Colin Fellay, Martin Lièvre, Luca Mayor, Louis Roten, Baptiste Rudaz
Dates supplémentaires
13 oct. 2023: 2e réalisation, Fundacio Proha, Buenos Aires
2024 (date à préciser): 3e réalisation, Casa degli Artisti, Milan
Coproduction
Biennale Son, Sion
Colòn Contemporaneo, Buenos Aires
Association Zona K, Milan
Avec le soutien de la fondation Nicati-de Luze et Suisa
Photos : Alexandre Babel/Florian Bach, Asphalte, 2020, batterie solo et lumière © Pablo Fernandez