Installation performative
En 1958, l’artiste Bob Gysin s’enflamme pour l’état transcendantal dans lequel l’a placé le passage en bus devant une longue lignée d’arbres au soleil couchant près de Marseille : « Un flot irrésistible de dessins de couleurs surnaturelles d'une intense luminosité explosa derrière mes paupières, un kaléidoscope multidimensionnel tourbillonnant à travers l'espace. Je fus balayé hors du temps», écrit-il dans son journal. Surtout, en collaboration avec le scientifique Ian Sommerville et avec William S. Burroughs, il crée la Dreamachine, faite d’un cylindre de carton découpé et ajouré enfermant une source lumineuse et tournant sur une plaque à 78 tours par minute.
C’est en hommage à cette machine à rêver qu’en 2019 Haroon Mirza, en collaboration avec Siobhan Coen alors en résidence dans son studio «hrm199 Ltd.» il conçoit la Dreamachine 2.0. Au dispositif stroboscopique bricolé – que bien des amateurs et amatrices de sensations ont reproduit depuis comme en témoignent de multiples témoignages et conseils sur le net – ils substituent des lumières LED pilotées par ordinateur et incorporent des sons à des fréquences qui correspondent à l'activité électrique du cerveau, suivant les conseils de neuroscientifiques de l'Imperial College de Londres.
Pendant le confinement, une adaptation en ligne de l’œuvre (Dreamachine 1/0) a été conçue, avec des conseils d’utilisation.
Pour la Biennale Son, Haroon Mirza reprend ce travail dans une version performative qu’il baptise en référence à Terence McKenna (1946-2000). L’écrivain et philosophe étatsunien voyait dans les psychotropes tels que le DMT (issu de l'ayahuasca, infusion utilisée dans des cérémonies tribales d'Amérique du Sud et centrale) le meilleur véhicule pour un voyage transdimensionnel. Il disait y rencontrer des entités intelligentes décrites comme des self-transforming machine elves.