Reproduction photomécanique : fichier numérique à imprimer sur support variable, dimensions variables
Sculpture: Mécanisme en laiton horloger sur socle et sous globe de verre,27,4 x 17 x 17 cm
Projection vidéo : vidéo couleur et son, en vidéo projection, 12'
Dessin : crayon à papier, encre de Chine et aquarelle sur papier, 29,8 x 41,8 cm (sans cadre), 37 x 48,5 x 3 cm (avec cadre)
À l’occasion de son exposition au Frac Franche-Comté, Nina Laisné a déployé une série d’œuvres autour d’un automate représentant Marie-Antoinette et de l’histoire de Karl Wilhelm Naundorff (1785-1845), horloger qui a usurpé l’identité de Louis XVII, dauphin de France.
Son point de départ est un androïde, conçu par l’horloger Peter Kintzing et l’ébéniste David Roentgen, acquis par Marie-Antoinette en 1785. La joueuse de tympanon est à son image : elle est assise devant un tympanon, rangé dans le « corps » d’un clavecin, et frappe les cordes à l’aide de petits martelets. Le mécanisme comprend huit airs appréciés par la reine. Petite-fille d’horloger, étudiant elle-même le psaltérion, voisin du tympanon, Nina Laisné a été captivée par la découverte de cette merveille lors d’une visite au Musée des Arts et Métiers de Paris.
Elle en a réalisé une reproduction photomécanique (La joueuse de tympanon, 2019). Mais surtout, elle a entrepris la réalisation d’une réplique altérée de son mécanisme (Air n°6 [Plaintes d’une femme auprès du berceau de son fils]), en collaboration avec l’horloger Francis Plachta et la Plateforme technologique microtechniques et prototypage, à Morteau. La réplique comporte un élément qui révèle sa nature contrefaite: un de ses huit airs a été remplacé par celui d’une complainte d’Arnaud Berquin, que la reine chantait à ses enfants, «Plaintes d’une femme auprès du berceau de son fils» («Sur la terre il n'est plus personne / Qui se plaise à nous secourir»), écho au destin de la famille royale.
La falsification de cet objet historique a amené Nina Laisné à s’intéresser à la polémique des « faux Louis XVII », ces imposteurs qui ont usurpé l’identité du dernier dauphin de France. La découverte des archives personnelles de l’horloger allemand Karl Wilhelm Naundorff, faussaire notoire, a été la source du film L’air des infortunés. Ce court-métrage reconstitue une scène de procès, dans laquelle la pièce à conviction est la contrefaçon du mécanisme de La joueuse de tympanon. L’accusé – Naundorff – chante la berceuse de Berquin, transformant le procès en spectacle lyrique. La fiction se saisit ainsi des flous de l’histoire et tisse un lien entre l’automate et le prétendu fils de Marie-Antoinette. La caméra amorce alors un lent travelling arrière qui dévoile le plateau de tournage, les costumes, le maquillage... Le film se clôt avec le retour soudain de la fiction et l’arrivée d’une bande d’émeutiers révolutionnaires dans une formidable boucle entre le passé et le présent, la fiction et sa mise en scène.
Un dessin exécuté à la manière des caricatures de la fin du XVIIIe siècle complète encore la série. Nina Laisné y a représenté l’horloger Karl Wilhelm Naundorff en figure manipulatrice en train de remonter le mécanisme de l’automate représentant Marie-Antoinette en joueuse de tympanon.
Née en 1985 à Libourne (F)
Vit et travaille entre Madrid et Besançon
Diplômée en 2009 de l’École supérieure des Beaux-Arts de Bordeaux, où elle s’est spécialisée en photographie et vidéo, Nina Laisné s’est également formée aux musiques traditionnelles sud-américaines auprès du guitariste Miguel Garau. Ses images, fixes ou en mouvement, jouent volontiers avec le trompe-l’œil, le glissement de sens, l’ambiguïté, et dialoguent régulièrement avec l’écriture musicale.
C’est le cas en 2013 avec En présence (piedad silenciosa), un court métrage autour de réminiscences religieuses dans le folklore vénézuélien à l’occasion duquel elle commence une collaboration avec les musiciens Daniel et Pablo Zapico. Avec Folk Songs (2014) et Esas lágrimas son pocas(2015) elle aborde des formes proches du documentaire autour des traditions musicales dans les phénomènes de migrations.
Nina Laisné collabore avec de nombreux artistes issus du spectacle vivant dont le chorégraphe et danseur de flamenco Israel Galván (El Amor Brujo), le marionnettiste Renaud Herbin (Open the Owl), la chorégraphe malagueña Luz Arcas (Toná), ou encore François Chaignaud. Le concert-spectacle conçu avec ce dernier, Romances Inciertos, un autre Orlando, coproduction de La Bâtie festival de Genève en 2017, a connu plus d’une centaine de représentations en tournée internationale. En 2018, le tandem tourne Mourn,O Nature !, film court inspiré par l’opéra Werther de Massenet.
En décembre 2021, Nina Laisné crée avec Daniel Zapico Arca ostinata, un opéra miniature dont le décor a été réalisé aux 2 Scènes, Scène nationale de Besançon, où Nina Laisné est artiste associé jusqu’en 2024.