Super 8 et archives transférées sur vidéo HD
40’
En 2018, Baudelaire rencontre l'historien de la musique Maxime Guitton à Rome, alors qu'il effectue des recherches sur les anni di piombo, ou "années de plomb", une période de bouleversements politiques en Italie qui s'est étendue de la fin des années 1960 à la fin des années 1980. Guitton lui présente à son tour le compositeur américain d'avant-garde Alvin Curran, qui vit à Rome depuis 1964. Tout au long de l'année, Baudelaire et Guitton enregistrent de longues conversations avec Curran et visitent les paysages romains qui l'ont inspiré. En écho à la musique que Curran a créée à partir de sons trouvés, ce film combine des images Super 8 tournées à Rome par Baudelaire et des séquences trouvées dans diverses archives pour dresser un portrait fascinant de la vie et de l'œuvre de Curran.
Images trouvées
4’55’’
À la fin des années 1960, Curran et le groupe d'improvisation Musica Elettronica Viva (qu'il a cofondé avec Frederic Rzewski et Richard Teitelbaum) ont été chargés par le réalisateur italien Michelangelo Antonioni de créer une bande sonore pour son film Zabriskie Point (1970). Au final, seules quelques secondes de cette bande sonore ont été utilisées dans le film, et les producteurs hollywoodiens ont imposé à la place une partition de Pink Floyd et du Grateful Dead. La musique de Curran était supposée perdue, jusqu'à ce qu'un extrait de 7 minutes, enregistré sur bande magnétique et intitulé "Zabriskie Point / Love Scene", soit exhumé par l'historien de la musique Maxime Guitton. Dans le film de Baudelaire, la partition fragmentée de Musica Elettronica Viva se superpose à de gros plans énigmatiques du film d'Antonioni.
Super 8 et archives transférées sur vidéo HD
15’23’’
Ce film nous transporte au matin du 16 mars 1978 à Rome, lorsque l'homme politique italien Aldo Moro est enlevé par les Brigades rouges, une organisation armée et de guérilla d'extrême gauche. Baudelaire revisite cet événement historique à travers le prisme d'une anecdote peu connue relative à un vendeur romain, Antonio Spiriticchio, qui vendait des fleurs au carrefour où Moro a été enlevé, mais qui n'était pas présent ce matin-là en raison du fait que ses pneus avaient été crevés la nuit précédente. L'histoire est racontée à l'aide d'images d'archives, d'extraits d'une déposition de police et de souvenirs d'anciens membres des Brigades rouges, sur une musique de Curran et du compositeur italien de musique électronique Franco Evangelisti.
6 sérigraphies sur papier
chacune 76 x 102 cm
En déclinant la phrase dans divers ordres possibles, Éric Baudelaire déjoue la finitude à laquelle la sentence semble condamner la musique. Ce travail fait écho à la réaction d’Alvin Curran à la question que lui avait posée le compositeur italien Franco Evangelisti, à son arrivée à Rome : « Ne sais-tu pas qu’il n’y a plus de musique à écrire ? ».
Piano Yamaha Disklavier, fichier numérique
Era Ora (expression italienne signifiant "il est temps") a été écrite à l'origine comme une pièce pour piano solo en 1982. Curran présente ici une variation de la composition originale, jouée sur un Disklavier suspendu, un piano à touches automatiques.
Objets glanés, vidéo, texte manuscrit
Assemblé avec Baudelaire, Guitton et des artistes de Sète (France) et de Bristol (Angleterre), cet "instrumentarium" collaboratif présente une collection d'objets glanés qui peuvent être utilisés pour faire de la musique. Suivant la définition de Curran, "un instrument de musique peut être fabriqué à partir de n'importe quel matériau capable de produire des vibrations audibles", ces objets construisent un paysage acoustique hybride qui sera activé pendant une performance de Curran. "Ma musique", écrit-il, "est faite de tous les sons, humains, animaux, mécaniques, géologiques, atmosphériques... N'oubliez pas : Il y a de la musique dans toutes les choses, dans toutes les personnes, dans tous les lieux, partout, tout le temps."
Documents d’archive
Composée par l'historien de la musique Maxime Guitton, cette collection de photographies, de partitions originales, de disques vinyles, de programmes de concerts, de souvenirs, de croquis et d'affiches est le fruit de recherches entreprises dans les archives de Curran dans divers lieux de Rome et de ses environs. La présentation donne un aperçu inestimable du développement de la pratique expérimentale expansive de Curran au cours de trois décennies.
Vidéo HD, son stéréo 8’
Un gant en caoutchouc s’échappe dans le monde à une époque d’enfermement et de restrictions de mouvement dus à la pandémie de Covid-19. Le gant rebondit et flotte dans les rues à moitié vides de Paris, accompagné d’une musique originale improvisée par Curran.
Vidéo HD, son stéréo
26’
Dans les années 1990, des soldats ont fait leur apparition dans les rues de Paris. Ils ont été déployés dans le cadre de l'opération Vigipirate en réponse à des attaques terroristes. En 2015, les soldats sont réapparus en grand nombre et sont restés plusieurs années. Ce film est composé de courtes vidéos tournées par Baudelaire sur son téléphone en rentrant de son atelier, et postées sur Instagram. Lorsqu'il s'est installé à Rome, Baudelaire a continué à filmer les soldats dans les rues. C'est à ce moment qu'il a rencontré Alvin Curran, dont la pièce "Walked the Way Home" l'a inspiré pour monter ces vidéos ensemble dans un film intitulé d'après le morceau.
Né à Salt Lake City en 1973
Vit et travaille à Paris
Après des études avancées de sciences politiques, spécialisées sur le Moyen-Orient, Eric Baudelaire a commencé une pratique artistique fondée sur la photographie, l’impression et la vidéo. Depuis 2010, il s’est imposé comme cinéaste, ses films circulant largement dans les festivals internationaux et dans les musées et centres d’art.
Eric Baudelaire implique les personnes dont ils racontent l’histoire, qu’il s’agisse de parler de militants de l’extrême-gauche japonaise impliqués dans des actes terroristes en exil au Liban, du djihad, ou de la sécession de l’Abkhazie. Un film dramatique (2019) a été le résultat d’un processus de quatre années avec de jeunes adolescents d’un collège de la région parisienne. Le film a donné lieu à l’exposition Tu peux prendre ton temps qui a valu à Eric Baudelaire le Prix Marcel Duchamp en 2019.
De telles extensions curatoriales font partie du processus de travail de l’artiste cinéaste, les expositions permettant de montrer des documents qui ont permis la réalisation du film, d’organiser des rencontres avec celles et ceux qui y ont participé, de croiser le regard avec d’autres artistes, d’ouvrir le débat public.
Les projets expérimentaux d’Eric Baudelaire sont principalement documentaires mais il expérimente aussi la fiction. Ainsi, A Flower in the Mouth (2021) est partiellement basé sur une nouvelle de Luigi Pirandello. L’exposition Death Passed My Way and Stuck This Flower in My Mouth, à la Kunsthalle de Saint-Gall, comprenait une installation vidéo (cinq écrans et six canaux sonores). Les fleurs, réelles ou métaphoriques, permettant de parler de la condition humaine durant la pandémie.
Ces méthodologies sont au cœur de l’ouvrage Faire avec qu’Eric Baudelaire a cosigné avec Erika Balsom et Marcella Lista aux éditions Paraguay (2022).
Né en 1977 à Dunkerque
Vit à Marseille
Maxime Guitton a été l’assistant de la compositrice Eliane Radigue entre 2009 et 2011. Ses champs de recherche - la musique minimaliste et l'histoire de l'alpinisme - l'amènent à intervenir en écoles et centres d'art pour des cours, ateliers, conférences et sessions d'écoute. Depuis 2017, il mène une recherche sur les archives du compositeur Alvin Curran commencée lors d’un séjour comme pensionnaire la Villa Médicis.
Il a été responsable du service du soutien à la création au Centre national des arts plastiques (CNAP) à Paris. Il exerce parallèlement depuis 2003 des activités de programmation musicale entre lieux indépendants et institutions (BAL, CAPC, Centre Pompidou, etc.). Il est actuellement coordinateur de la recherche et programmateur artistique et culturel aux Beaux-Arts de Marseille.